À propos de l'analyse de livre sur La cuisinière
Cette analyse rédigée par Véronique Letournou vous propose une étude claire, précise et détaillée de La cuisinière, roman documentaire de Mary Beth Keane. S’inspirant de problématiques très actuelles qui traversent le temps et les époques, La cuisinière évoque des thèmes tels que la construction de l’Amérique et ses vagues de migrants quittant leur pays, leurs habitudes et leurs familles pour un avenir meilleur, la construction de la ville, ses gratte-ciels, ses usines et ses paquebots géants autant que sa mauvaise gestion de l’hygiène d’autant plus indispensable que la ville se peuple et se développe, les tenements, appartements divisés en de multiples habitations pour faire face à l’afflux, la maladie, ici conséquence du développement urbain trop rapide, les inégalités des classes sociales, etc. Tout ceci en toile de fond du combat d’une femme, refusant d’accepter une responsabilité, fût-elle involontaire, dans l’éclosion de foyers épidémiques, et de sa longue et houleuse histoire d’amour avec le compagnon de sa vie.
Cette analyse commence par présenter et résumer succinctement La cuisinière, et pointer quelques-unes des thématiques développées dans le roman. Elle se poursuit par une brève biographie de Mary Beth Keane (1979-), autrice de deux romans qui ont rencontré un grand succès d’estime et populaire. L’analyse progresse ensuite vers un résumé circonstancié de l’œuvre, selon un découpage chronologique des évènements.
L’analyse propose ensuite une étude des personnages principaux de l’histoire, à savoir Mary Mallon la « Porteuse de germes » par qui la maladie s’introduit dans les foyers ; son compagnon Alfred Briehof auquel, malgré leurs désaccords, son sort restera lié toute sa vie ; puis George Soper, le médecin et contrôleur sanitaire responsable de l’isolement de Mary et de la théorie du porteur sain.
Une fois le contenu et le cadre posés et détaillés, la fiche de lecture propose un approfondissement de l’analyse de La cuisinière par le biais de clés de lecture. Ces dernières vont proposer au lecteur des pistes de réflexion sur l’œuvre et son contexte historique, la naissance du xxe siècle aux États-Unis. Elle propose ainsi une présentation des relations entre les riches patrons et les classes pauvres des domestiques, un focus sur l’histoire d’amour vécue par Mary et Alfred, pour enfin se pencher sur l’essor et l’appel de l’Amérique.
La fiche de lecture s’achève par une série de questions destinées à vérifier ce qui a été expliqué plus haut et à susciter la curiosité du lecteur. Ces questions permettent d’aller plus loin dans l’analyse de l’œuvre et d’élargir la réflexion vers des questions et des thèmes contemporains.
Cuisinière pour de riches familles américaines, Mary Mallon est un beau jour arrêtée et mise en quarantaine à l’hôpital. Elle serait un porteur sain de la typhoïde et aurait contaminé sans le savoir, simplement en cuisinant et notamment des aliments crus, 23 personnes dont au moins 3 seraient mortes. La presse s’empare de son cas et la tourmente s’abat sur elle. Révoltée, persuadée d’être victime d’une injustice, désespérée de devoir arrêter un travail qui la comble, Mary Mallon se bat bec et ongles pour prouver son innocence et retrouver une vie normale.
Inspiré d’une histoire vraie, ce roman est moins un documentaire sur la typhoïde qu’une restitution de la vie à New York au début du xxe siècle et des conditions de vie des petites gens, de ceux qui travaillent pour vivre, de ceux qui ont quitté leur pays pour venir s’installer aux États-Unis et atteindre une prospérité rêvée, qui s’avère aussi lointaine que fantasmée.
Mary Beth Keane ne se réclame pas du titre d’écrivaine historique. C’est le personnage de Mary Mallon qui l’a intéressée dans ce qu’elle a de contemporain. Si l’écriture du roman a malgré tout nécessité des lectures nombreuses sur le cas et l’histoire de Mary Mallon, Mary Beth Keane s’en est imprégnée avant de s’en éloigner pour pouvoir écrire un personnage réellement incarné, et non pas une image de papier du premier cas de porteur sain de l’histoire médicale des États-Unis. L’enjeu (et pour Mary Beth Keane la différence fondamentale entre fiction et documentaire) était d’insuffler de l’humanité dans le personnage de Mary, ce que l’auteur a pu faire en plongeant dans ses propres sensations, réactions et son imagination. Ce roman a remporté un grand succès outre-Atlantique.