À propos de ce commentaire
Ce commentaire littéraire propose une analyse approfondie de la scène 2 de l’acte III de Dom Juan de Molière, avec le texte étudié, une mise en contexte et le commentaire en lui-même, structuré en différentes parties. Des clés pour mieux comprendre quelques-uns des enjeux essentiels de cette tragi-comédie du XVIIe siècle.
Au début de l’acte III, Dom Juan et son valet, Sganarelle, sont déguisés : le premier porte des habits de campagne et le second des habits de médecin. Ce costume de médecin donne à Sganarelle le courage de discuter avec son maitre de sujets sérieux et surtout des croyances de Dom Juan dans la forêt. Celui-ci dit ne croire qu’en « deux et deux sont quatre » et en « quatre et quatre sont huit ». Après avoir discuté de la création du monde et d’autres questions religieuses, Dom Juan s’aperçoit qu’ils se sont égarés et envoie Sganarelle demander leur chemin à un pauvre.
Après quelques éclairages sur la pièce ainsi que sur les sources d’inspiration de l’auteur, et la situation de l’extrait dans l’œuvre, le commentaire composé s’intéresse entre autres aux stratégies employées par Dom Juan face au pauvre pour lui démontrer sa supériorité et à la représentation de la religion : tandis que le pauvre symbolise la figure chrétienne par excellence, le personnage de Dom Juan, pur rationaliste, n’a rien de plus cher que ses préoccupations humaines.
Dom Juan est donné le 15 février 1665, alors que Le Tartuffe (1664) est toujours interdit. La pièce connait un grand succès au cours des quinze premières représentations, mais Molière supprime dès le deuxième soir la scène du pauvre. Puis la pièce ne sera plus représentée : comme on l'a fait pour Le Tartuffe, on accuse Molière d'impiété, lui reprochant, notamment, d'avoir choisi, face à Dom Juan, un piètre défenseur de la religion dans Sganarelle. Reprise à la comédie espagnole et aux Italiens, cette tragi-comédie qui est aussi une pièce à machines, mêle tous les genres et ne respecte pas la règle des trois unités. Non publiée du vivant de l'auteur, la pièce va être redécouverte aux siècles suivants et le « grand seigneur méchant homme » que Molière condamne, deviendra un mythe qui fascine.