Fédor Dostoïevski

Fédor Dostoïevski : Biographie de l'auteur

Né le 30 octobre 1821 à Moscou et décédé le 28 janvier 1881 à Saint-Pétersbourg, Fédor Mikhaïlovitch Dostoïevski est encore à ce jour considéré comme l’un des plus grands écrivains russes de tous les temps. Son influence incontestable se retrouve aussi bien en littérature qu’en philosophie. Ses personnages, torturés, angoissés, dissèquent l’âme humaine. Les concepts de bien et de mal, de souffrance et de rédemption élèvent son écriture au rang de métaphysique.

Biographie de Fédor Dostoïevski

Fils d’un père médecin, et d’origine tatare par son aïeul Aslan Tchereby-Mours, Fédor et sa famille vivent une existence aisée et luxurieuse grâce à la clientèle que s’est constitué son père. Exerçant à l’hôpital Marie, un établissement pour les indigents de la ville, ce dernier s’il est respecté pour sa profession, n’hésite pas à distribuer les coups et les injures dès qu’il se met à boire. C’est dans cette atmosphère violente et empreinte de terreur que Fédor grandit, en entendant chaque jour sa pauvre mère supplier son mari et demander grâce.

En 1827, son père, Mikhaïl Andreïevitch Dostoïevski obtient le poste d’assesseur de collège ainsi qu’un titre de noblesse héréditaire. Il acquiert également deux villages, en 1832 Daravoïe et Tchermachnia.

Enfant fragile, Fédor vit mal le départ de sa mère à la campagne lorsqu’il est à peine âgé de neuf ans. Toutefois, les vacances annuelles à Daravoïe, où sa mère s’est retirée, sont pour le jeune garçon une source de plaisir et de découvertes inépuisables. Si Fédor voue une haine féroce pour ce père absent et violent, il se voit néanmoins en lui et se trouve des points communs avec cet ivrogne qui le martyrise.

Le 27 février 1837, sa mère décède de la phtisie. Sa tante maternelle Alexandra prend alors une place importante au sein de la famille. Quant à son père, indifférent au sort de son fils, plonge définitivement dans l’alcool et l’abandonne aux bons soins de l’école des ingénieurs militaires de Saint-Pétersbourg en 1838.

Là-bas, il apprend les mathématiques et l’artillerie, mais surtout il découvre la littérature dans laquelle il plonge avec délectation. Il fait la connaissance d’auteurs célèbres tels que Balzac, Corneille, Racine ou encore Pouchkine. Shakespeare, Goethe, Victor Hugo ou encore Schiller auront eux aussi, une influence déterminante dans sa vocation pour l’écriture. Élève taciturne, Fédor s’intègre mal à l’école. Le matérialisme et le carriérisme de ses camarades le répugnent.

En 1839, Fédor Dostoïevski apprend le décès brutal de son père, qu’on dit torturé et assassiné par des moujiks, mais son autopsie attribuera sa mort à une crise d’apoplexie. Fidèle au mythe d’Œdipe, cet événement provoque toutefois en l’écrivain de forts sentiments de colère, mais aussi de culpabilité et de remords, lui qui avait tant de fois imaginé et souhaité ce parricide. L’obsession pathologique que Fédor nourrit pour son père le suivra toute sa vie et marquera de son empreinte l’ensemble de sa production littéraire. Ce n’est qu’avec son dernier roman, Les Frères Karamazov, en 1880, qu’il parviendra enfin à se libérer du joug psychologique de son géniteur.

Il est nommé sous-lieutenant et entre en 1842, comme dessinateur au département des plans de campagne de la direction du génie à Saint-Pétersbourg.

En 1844, alors âgé d’à peine 22 ans, Dostoïevski publie son tout premier roman, Les Pauvres gens, qui connaîtra un succès immédiat. L’auteur est alors propulsé sur le devant de la scène et évolue dans les milieux mondains de la bourgeoisie russe. Mais son ascension ne dure pas, son attitude abattue et son manque de tenue lui valant de nombreuses railleries et ses deux romans suivants, Le Double et La Logeuse, ne rencontrant pas le succès escompté.

Fin 1846 ou début 1847, il évolue dans le cercle fouriériste de Mikhael Petrachevski. Ce dernier travaille au ministère des Affaires étrangères et lutte contre le despotisme de Nicolas Ier. Dostoïevski n’adhère pas proprement aux idées révolutionnaires, mais aime à discuter d’idées nouvelles pour l’avenir de la Russie. L’empereur soupçonne un complot contre lui. Il est arrêté et enfermé dans la forteresse Pierre-et-Paul en avril 1849 en même temps que les membres du cercle. Jugé et condamné à mort, Fédor Dostoïevski est gracié en dernière minute et voit sa condamnation commuée en exil. Il sera condamné à être déporté au bagne en Sibérie.

Finalement, sa peine sera réduite à quatre ans de travaux forcés et un service militaire en tant que soldat.

Le 23 janvier 1854, il est affecté à Semipalatinsk et vit en caserne. Fait rarissime, il acquiert le droit de pouvoir vivre en ville deux mois après son arrivée. Il fréquente alors les nobles locaux et s’éprend de Maria Dmitrievna, qu’il épouse en 1857 après avoir éliminé sa concurrence.

Après avoir retrouvé ses privilèges de noble et son droit de publier librement ses ouvrages, Dostoïevski se remet à l’écriture et publie la même année Souvenirs de la maison des morts qui raconte ses années de bagne.

En 1859, après avoir obtenu sa retraite de l’armée, Fédor fonde, avec son frère Mikhail, une revue nationaliste, Le Temps, qui sera interdite en 1863 à la suite d’une publication d’un article sur l’insurrection polonaise, considérée trop contestataire. En 1862, Dostoïevski voyage pour la première fois en Occident. Il épouse en secondes noces sa sténographe Anna Grigorievna en 1867, mais malade et couvert de dettes, l’homme sombre dans le jeu pour tenter de subvenir aux besoins de la famille de son frère, décédé en 1864.

Farouchement opposé à la démocratie bourgeoise européenne, qui place l’argent au centre de ses considérations, Fédor développe un nationalisme chauvin et dénonce l’exploitation des pauvres gens dans Crimes et châtiment. Téléchargez l’analyse de Crimes et châtiment.

Après plusieurs années d’errance et de misère financière, l’écrivain renonce finalement au jeu et en 1880, il publie son dernier roman qui marque l’apogée de son art : Les Frères Karamazov. Dedans on y retrouve ses deux thèmes de prédilection, à savoir l’existence de Dieu et la force de la passion. Vouant un véritable culte au peuple russe jusqu’à sa mort, en 1881, d’une hémorragie, Fédor Dostoïevski aura marqué le monde de la littérature russe.

Œuvres de Fédor Dostoïevski

1846 : Les Pauvres Gens. Ce roman épistolaire, entre Macaire Alexeïevitch Diévouchkine et Varvara Alexeïevna Dobrossiélova, est le premier succès de Dostoïevski. C’est en se promenant un soir dans Saint-Pétersbourg que l’idée lui est venue. Les deux protagonistes sont voisins de palier d’un immeuble de Saint-Pétersbourg. Parent éloigné, lui est un petit fonctionnaire et elle est livrée à elle-même. Touché par la situation de la jeune fille, aussi pauvre que lui essaie d’égayer son quotidien par de modestes présents. Il la couvre d’attention et de sollicitude. Avec ses personnages, l’auteur met en avant la dignité, l’honneur, le courage et la fierté, peu importe sa condition sociale.

1846 : Le Double. Goliadkine, le personnage principal, perd peu à peu la raison. Simple fonctionnaire à Saint-Pétersbourg, Goliadkine voit apparaître subitement son double qui va prendre sa vie, petit à petit. Avec ce roman, Dostoïevski nous immerge dans la folie, le dédoublement de la personnalité et la paranoïa. 

1860-1862 : Souvenirs de la maison des morts. La maison des morts, c’est le bagne. Alexandre Petrovitch Goraintchikov doit y purger une peine de dix ans pour meurtre, celui de sa femme. Dans ce roman autobiographique, Dostoïevski relate ses années passées en Sibérie après avoir échappé de justesse à une condamnation à mort. Grâce à cette expérience, il y apprend l’humilité, la vie avec le « vrai » peuple russe. Selon lui, ce fut un mal nécessaire pour devenir un intellectuel digne de ce nom. 

1866 : Crime et châtiment. Œuvre essentielle, Fédor révèle les tourments d’un homme pris entre un idéal de justice et une certaine conscience de supériorité. Raskolnikov se veut au-dessus du bien et du mal. Pourtant le meurtre perpétré, avec un sang-froid incroyable contre une vieille usurière, ne cesse de la hanter. Loin de l’élever, il le rabaisse à sa condition de pauvre humain. Dostoïevski nous aide à pénétrer sa psychologie page après page, sa vie, ses doutes, ses motivations. C’est certainement avec ce roman que l’auteur se donne le plus à voir, son esprit torturé, à la limite du mysticisme, les projets politiques et l’exploitation sociale, la révolution et le nihilisme. Découvrez notre ressource à télécharger : Crime et châtiment de Dostoïevski résumé.

1868-1869 : Publication de L’Idiot, sous forme de feuilleton dans Le Messager russe. Après plusieurs années dans un établissement spécialisé pour le traitement de l’épilepsie, le prince Muichkine revient dans la société. Profondément bonne et gentille, son attitude est souvent perçue pour de la naïveté, de la bêtise, voire de la pathologie. Poursuivez la lecture du résumé de L’Idiot de Dostoïevski.

1880 : Les Frères Karamazov est le dernier grand roman de Dostoïevski, il résume avec une finesse sans égale, tous les thèmes déjà explorés : la passion, l’existence de Dieu, la liberté. La littérature rencontre la philosophie, la religion et la morale. Écrit quelques mois avant la fin de sa vie, l’auteur raconte à travers chacun des trois frères les destins qui se jouent en Russie à la fin du XIXe siècle. 

Dates clés à retenir

30 octobre 1821 : Naissance de Dostoïevski

Fédor naît à Moscou dans une famille aisée. Son père, médecin, s’est créé une belle et riche clientèle. Mais alcoolique, il est violent et bat régulièrement sa femme. Il fait ses premières crises d’épilepsie à 7 ans. Sa mère meurt quand il n’a que 16 ans. La mort de son père lorsqu’il a 22 ans le plonge dans une profonde culpabilité. Il a tant souhaité la mort de son père ivrogne qu’il se sent responsable quand elle survient. Ce thème hantera souvent ses personnages dans son œuvre.

15 janvier 1846 : Publication de son roman Les Pauvres gens

Avec ce récit, Dostoïevski connaît son premier succès littéraire.

22 décembre 1849 : Condamnation au bagne

Dostoïevski est arrêté et condamné à mort pour complot contre le tsar. Sa peine sera commuée à quatre ans de bagne en Sibérie. De cette expérience, il dira avoir rencontré auprès des criminels, des voleurs et des parias de la société, le véritable homme russe. 

1868-1869 : Publication de L’Idiot

Dostoïevski, avec ce roman, propose un personnage radicalement différent. Le prince Muichkine est idiot de naissance, mais profondément bon. Il révèle le meilleur de nous-mêmes. Découvrez notre analyse sur L’Idiot de Dostoïevski.

28 janvier 1881 : Mort de Fédor Mikhaïlovitch Dostoïevski

Il meurt à 59 ans à Saint-Pétersbourg, quelques mois après avoir écrit Les Frères Karamazov. Ruiné, pourchassé par ses créanciers et de santé fragile, il succombe à une hémorragie. Il est alors reconnu comme l’un des plus grands écrivains russes. Il a exploré les tréfonds de l’âme humaine et de sa psychologie. Pas particulièrement religieux au début de sa vie, il sera un orthodoxe convaincu et un défenseur acharné du pouvoir tsariste.

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